En 2017 l’artiste Lauren Lee McCarthy a invité des participant.e.s à installer un nouveau système d’assistance personnelle virtuelle chez eux et elles. Le système était basé sur celui d'Amazon Alexa. La différence essentielle était que LAUREN ne serait pas géré par une intelligence artificielle, mais par l’artiste McCarthy elle-même.
Chaque performance durait trois jours. Pendant ce temps-là, McCarthy était équipée d’un ordinateur et d'écouteurs qui étaient connectés à une maison automatisée. Depuis son poste, McCarthy pouvait gérer toutes les fonctionnalités de la maison—ouvrir et verrouiller les portes, allumer les lumières, changer la température, etc.—ainsi que de communiquer avec les participant.e.s. McCarthy ne pouvait pas leur parler directement, mais elle tapait des réponses à l’ordinateur, qui les transmettait aux participant.e.s à travers une voix robotique.
McCarthy pouvait surveiller toute la maison (sauf des endroits privés comme la douche et la toilette, qui étaient en angle mort). Elle ne dormait que quand les participant.e.s dormaient, restant en observation constante pendant les heures de réveil.
Le but n’était pas seulement le remplacement d’un assistant virtuel par un être humain; McCarthy tentait aussi de remplir le vide qu’un assistant virtuel laisserait en anticipant les besoins des habitant.e.s de la maison.
Le projet a été réimaginé en 2019 avec la participation d’un public qui prenait le rôle des assistant.e.s virtuel.le.s, titré SOMEONE. La même année McCarthy a collaboré avec David Leonard pour une version appelée I.A. Suzie qui fonctionnait comme assistant virtuel pour une dame de 80 ans.
LAUREN présente une tentative d’épuisement d’un dispositif.
Avec son œuvre, McCarthy a réalisé le rôle d’un assistant virtuel, voyant comment les capacités d’un être humain sont différentes de celles d’une intelligence artificielle. Son but était de créer un système d’assistance qui agissait comme un système automatisé, mais qui maintenait un lien humain, en supposant qu’elle pouvait anticiper les besoins des participant.e.s, autant les plus profonds que les plus universels. Elle voulait donc créer un être humain renforcé par l'intelligence artificielle, ou un système d'intelligence artificielle renforcé par l'élément humain.
Même si elle disposait d’un ordinateur et des commandes pour la maison automatisée, McCarthy ne pouvait pas s’échapper de l’erreur humaine. Elle pouvait taper des réponses aux questions et à la conversation des participant.e.s., mais il y avait toujours un délai. Elle ne pouvait réagir aussi rapidement qu’un système automatisé. Une participante en particulier avait demandé un rappel pour ses médicaments; McCarthy se sentait stressée lorsqu’elle révisait ses archives pour voir si la femme avait déjà pris son médicament (McCarthy 2018). McCarthy comprenait que ses réponses risquaient d’avoir un vrai impact sur le monde.
McCarthy se servait d’une voix automatisée au lieu de la sienne afin de créer une distance entre elle et les participant.e.s. Elle ne voulait pas que les gens se sentent obligés de lui parler, pourtant beaucoup ont été très conscient.e.s du fait que c’était une vraie personne qui leur répondait et les observer à chaque fois (McCarthy 2018). En fait, McCarthy voit son projet comme une exploration de l’invasion des espaces intimes de la part de la technologie. En remplaçant l’intelligence artificielle par une vraie personne, les participant.e.s et même l’artiste étaient confronté.e.s par leur proximité.
Pendant les trois jours, McCarthy note que les participant.e.s arrivaient à négocier des limites personnelles avec LAUREN. McCarthy elle-même trouvait qu’elle négociait pour du contrôle sur le système; des fois elle n’arrivait pas à accomplir l’action correcte pour le ou la participante.